La revenance dans le roman québécois au féminin après 1980

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Date
2011-02-28T19:22:19Z
Authors
King, Andrea D.
Keyword
Haunting , Hantise , Ghosts , Revenants , Fantômes , Spectres , Doubles , Écriture au Féminin , Anne Hébert , Élise Turcotte , Suzanne Jacob , Ying Chen
Abstract
Cette étude prend pour son objet la figure de la revenante dans le roman québécois contemporain au féminin, laquelle émane d’une tradition de l’effacement du féminin, que ce soit sur le plan social (valorisation du sacrifice maternel et de la transcendance féminine), créatif (empêchement de la participation des femmes à la production littéraire) ou représentatif (mise en scène de la disparition de la femme). Si cet effacement a longtemps servi d’appui à une économie et à une esthétique patriarcales, la revenante attire l’attention sur celles-ci et en provoque la remise en question. La revenante assume deux avatars dans notre corpus : l’apparition de la femme morte (en tant que fantôme, morte-vivante, figure fantasmatique ou onirique), ou le redoublement de celle-ci dans d’autres personnages féminins (c’est-à-dire que la hantée endosse les traits d’un précurseur spectral féminin). Nous nous intéressons aux enjeux de l’appropriation de ce vieux topos patriarcal dans le roman au féminin après 1980, moment où les femmes interviennent de façon régulière sur la scène littéraire. Ainsi, après avoir situé la revenante dans un contexte québécois et occidental, nous en examinons les instances dans les œuvres d’Anne Hébert, de Suzanne Jacob, d’Élise Turcotte et de Ying Chen. Puisque la revenante est une figure déterminante dans l’œuvre d’Anne Hébert, les deux premiers chapitres d’analyse traitent de textes de cette auteure canonique. « Désir et dés/ordre » identifie les lieux et les origines de la hantise féminine et le désordre qu’elle provoque pour mettre en évidence son rapport au désir; « La pro/création » examine la création artistique ou reproductrice comme médium de la spectralité au féminin. Le dernier chapitre, « Violence et vulnérabilité », présente des analyses de romans de Suzanne Jacob, d’Élise Turcotte et de Ying Chen afin d’y souligner la représentation des deux faces de la violence – l’agression et la vulnérabilité – telles qu’elles se chevauchent avec la revenance. Chacune des quatre écrivaines étudiées met en texte des dichotomies hétéronormatives; selon notre lecture, la revenante constituerait un symptôme de ces structures problématiques.
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